lundi, octobre 06, 2008

L’œuvre intégrale de Ramon Pipin et Odeurs en 2 coffrets, sacré Graal !


Le vinyle, ça ne vaut pas la traversée du Nil. Ca craque, ça sponk… Et à l’écoute en force, le diamant joue les sabirs sur la platine. Nos sbires les esgourdes se mirent sourdes ! C’était conter sans le géni et l’immense richesse de la générosité de sa majesté la Mouche, en la personne de Ramon Pipin, qui flairant sans doute le cour de la galette descendu cul sec avec les remontés du jus de chaussette, décida un beau jour de troquer la perruque en peau de fesse de ses aminches les Au bonheur des dames contre ses deux coffrets, dont je vais vous narrer le contenu sans pince-nez. Ah ! cette fabuleuse aventure des années 70 / 80 / 90, ça défrise les doigts de pied. Quel panard !
« T’iras chanter tes chansons / Au cimetière des microsillons / Et c’est trop con ! / Alors / Bye bye vinyl, bye bye (ter) / Décédé face au CD / Tu n’es plus qu’un vieux fossile / Inutile » in « Bye Bye vinyl » (Pipin-Hirschfeld / Pipin)

J’entends déjà les ramolos du cervelas glapir dans leur fort intérieur cuisine diurétique, qui c’est’y déjà le sieur Ramon et à quelle sauce il s’astique les zygomatiques ?
Selon mon rot favori, je leur renvoie le chic Mague, à mon interview de ce délicieux Pipin et cet autre papier touchant la félicité du soi-disant ultime concert Odeurs lors du 6 mai 2008. Aux dernières nouvelles, selon les informations de Ramon parues sur le site « Effluves et relents » qui lui consacre du bon temps, il y aurait quelques petits théâtres parisiens à visage humain qui accepteraient d’accueillir les facéties de notre trublion favori. A suivre donc…
Pour celles et ceux que la venue à Paname rebute, elles et ils ont toujours la possibilité de se bidonner en écoutant le CD Optimiste enregistrement public (1984) et pour les images, il existe un DVD Odeurs Live at Sambreville 83 tourné et mis en boite par nos ami(e)s belges de la RTBF. Ces deux opus fleurent bon la présence odoriférante dans le deuxième coffret Odeurs.
« Que l’amour vous baigne », comme dirait Ramon.
Les autres incurables peuvent continuer la lecture, j’te jure Epicure !
« Je tiens à remercier du fond du slip ceux qui m’ont aider à faire naître ces œuvres immémoriales et impérissables, ils sont trop nombreux pour être cités… » (Ramon Pipin). Tu m’étonnes, pas loin de 50 chanteurs-acteurs-musiciens à saluer, ça fait du monde au balcon.
« Y’a Esno qu’est pas gros / Rita qu’est sympa / Vickie qu’est jolie / Et Shitty qu’est gentil / Y’a Ramon c’est lui le chef / Et Costric, c’est Costric / JPG n’est pas gai / Plus tous ceux qu’on oublie /
Y’ a Dada et Gaëlle / Manu et Gabrielle / Loulou et Clarabelle / Elles sont toutes vraiment belles / Domino et Cathy / Marilou et Marie / Valérie et Suzy / Elles sont vraiment jolies ! » in « Une bande de copains » (Tirot-Goude / Goude), CD Odeurs : Toujours plus haut, coffret 1.

Vous l’aurez compris, Ramon a toujours vécu entouré d’une bande de joyeuses et joyeux fêtard(e)s, sans qui le groupe Odeurs aurait perdu sa marque du s pluriel. Ce qui aurait manqué par trop à sa singularité au cours d’une époque où il était encore possible de chanter et musiquer sans souffrir des affres de la censure ou de l’autocensure actuelle.

Les années 1979 / 1984 furent foisonnantes à tire le gogo et le groupe Odeurs écuma les salles de ses effluves, pour le plus grand plaisir du public, qui ne mouchait pas au sens de l’humour hardi brandi comme une expression libertaire de la joie de vivre de créer composer et chanter en chœur, sous la baguette de Ramon.

A certains égards, il me rappelle le feu regretté Frank Zappa. Je pense que Guy Darol le spécialiste francophone de la question ne me contredira pas, même si je sais que Ramon est unique et refuse les comparaisons. Quelques points tout de même frissonnent mes narines simiesques. Frank et Ramon sont guitaristes et chef d’orchestre. Ils ont chuinté leur époque sur l’air de la dérision contre toutes les expressions de la constipation entretenue par les neuneus des pouvoirs constitués abonnés au carnaval de l’ordre moral. Ramon comme Frank, férus hommes généreux, adorent peaufiner la transformation des disques vinyles en CD en y adjoignant des bouts de bandes inédites. Tous deux estiment la scène comme un spectacle total de l’œuvre théâtrale sonorisée et orchestrée. Ils aiment et respectent leur public. Ils ont souvent tendance au détournement mineur de morceaux connus appartenant au patrimoine de la rock musique. Il se trouve encore que ces deux énergumènes adorent jouer plusieurs versions différentes d’une chanson. Tout deux ont touché à tous les styles musicaux avec brio (rock, funk, jazz, variétoche pour de rire etc…) et j’en passe encore des meilleurs dans les largesses.

Avec les tympans exercés, vous reconnaîtrez aisément dans le timbre de Ramon Pipin’s Odeurs une attaque bille en tête à des thématiques qui deviendront tendancieuses voir même irrespectueuses en 2008, vice et versa telles que : l’écologie et les plans plantes euphorisantes (« Ode au printemps » / « Le jour où les oranges pelurent » / « La santé par les plantes » / « Rock Haroun Tazieff »), la mâle bouffe (« Couscous Boullettium »), l’amour sous toutes ses facettes protéiformes (« Douce crème » / (« L’homme objet » / « Le stade nasal » / « Astrid » et tout l’album De l’amour ), le chaud business à la louche de la soupe des médias (« Chèque baby, chèque » / « Soupe au sirop » / « Ma chanson est malade » / « On chante en playback » / « Une chanson à la mode »), les salaisons criardes et crades (« La viande de porc »), les détournements musicaux (une célèbre chanson des Beatles se fait tirer au pigeon), la bio énergétique et les glandes glaciations (« Tommy Lobo » / « On a été féconds»), la vioquerie pour seul alibi des chicotiés (« L’amour sans les dents »), la franchouille auréolée (« Youpi la France »), travailler plus pour gagner puces (« Défécation blues » / « Quitte ou double » / « Dans les supermarchés » / « Reine d’un jour »), et tant d’autres.

Vous retrouverez avec bonne humeur à l’écoute des CD, l’esprit frappeur et visionnaire dans la verve appliquée d’un Boris Vian, puisque Ramon assène l’humour toujours, mes amours et merdre de merdre aux pifs tristes dans le snif de leur calcif.

C’est ainsi que vous en aurez pour votre dose de surprises.
Pour les incorrigibles ignares, sachez que Ramon a aussi sévi dans trois albums solo présents dans le second coffret.
Ready Steady , go ! (1992). Je pense que cet album rend un hommage aux viocs de la génération du Bartos. Dites-moi, si ces quelques nom vous gratouillent les pavillons : Page / Barrett / Townshend / et ces quelques titres originaux : «Happenings ten years time ago » / « Happy Jack » / « Nights in white satin » / «Baby please don’t go » / « I feel free »… ?
Pour les jeunots, Ramon flanqué de son ami Monsieur Hirschfeld, à eux deux ils ont adapté quelques standards du rock en gardant le potentiel musical et en y adjoignant des paroles de la langue française. Non seulement le résultat est très réussi, mais en plus les nouvelles paroles collent à la zizique, comme quoi, les créateurs anglophones et ricains de ces morceaux n’ont rien inventé ou presque, l’humour en moins..
« Tous frères » (1985) est surprenant à plus d’un titre. Tout d’abord, si je m’abuse, il n’avait été jamais été édité en CD. A la première écoute, il m’a semblé que la structure sonore était plus pauvre que les autres albums de Ramon. Puis en l’écoutant en boucle, j’ai découvert toute la richesse de cet univers musical agrémenté de textes uppercut de bon aloi. Je note aussi que John Mc Laughlin avait réussi à se dessaisir de l’emprise de son gourou pour actionner sa gratte sur le morceau « Les fadaises d’Etretat », qui comme son nom l’indique finit par une chute géographique. Camus n’a qu’à bien se tenir les côtes. J’ai adoré la leçon d’anthropophagie amoureuse « J’te boufferais tellement que je t’aime » digne d’un humanos dans la communion physique. A propos de communion mes frères, « Le week-end au couvent » est extra, on s’y croirait tout à fait ! A propos, « Nous sommes tous frères », j’ose penser que c’est l’une des chansons dont il est le plus fier. Il peut le bougre. « Toute la misère du monde » renvoie Bourdieu à une bonne bourre spacieuse. Extra, je passe tous les autres titres sympathiques avec un clin d’œil appuyé à mon grand ami Goingoin le pingouin qui danse tous les jours sur la « Nouba des pingouins ».
Bye bye vinyl (1990), c’est encore un superbe cadeau de la collaboration emblématique entre Ramon et Monsieur Hirschfeld autour du thème de la femme idéale et obscure, à la fois si « Pafaite », remisée de près, à se poser la question cruciale et existentielle « Qu’est-ce qu’elles font dans la salle de bains ? » et même qu’en désespoir de cause « Premier baiser / de gringalet à malabar / Câlin musclé / Il faut pas en faire toute une histoire » in « Premier baiser ». On ressent même parfois une certaine nostalgie du « Dimanche soir » et on se chauffe les naseaux à découvrir un Ramon « Speed » irrésistible et faut suivre quand il nous prévient : « J’fais des trucs fous ». Encore une fois, il allie tous les styles musicaux et nous agrémente les tympans.
Optimiste Enregistrement en public (1984), même que si vous prêtez une esgourde attentive, tout à la fin du CD dans la partie des inédits, vous risquez de reconnaître un Coluche que je suppose à ses débuts qui vous offre une des ses diatribes chantées et déjà le talent du texte qui fait mouche (« L’hallaliberté »).
Je regrette juste que dans le livret, Ramon garde le mystère sur cette rencontre avec cet autre frangin digne de lui. En tout cas, y’a rien à jeter dans cet album, c’est de la joie du début jusqu’à la fin, où le son sur scène révèle le talent et tout le boulot qu’il y a derrière le groupe Odeurs.

O fête, je ne vous ai pas dit que dans chaque coffret, vous trouverez un livret avec toutes les paroles des chansons.

Depuis la disparition de Desproges et Coluche des acolytes proches de l’esprit de Ramon, je connais une bonne façon de résister collectivement à cette époque formidable du syndrome de Sarko : écouter, fredonner Odeurs et Ramon Pipin et se rendre très nombreuses et nombreux à ses concerts, histoire de soutenir une des dernières voix vivante de la dérision, de l’humour fin et la poilade sur le grill, histoire d’attiser vos neurones pour gamberger et balancer nos boules puantes dans le pot de chambre de tous les préjugés des avortons au nez bouché.


Ramon Pipin’s Odeurs, L’Intégrale saison 1 : 1979 / 4 Cd / 1983
1979 : Ramon Pipin’s Odeurs + les inédits : “Tommy Lobo”: Intro / « Lune de miel expérimentale / Que veux-tu ma deux ? / Banque du sperme / Mise-bas de Tommy Lobo / Volte-face et sexe à pile / Lobotomie / Final / Astrid démo »
1980 : No Sex ! + les inédits : “Soupe au sirop / Juste un rigolo / Les nouveaux russes blancs / les salsifis”
1981 : De l’Amour + les inédits : “Une chanson à la mode / Le triple slow / l’idole des jeunes / Baby boum / Je m’aime / Je m’aime / Que c’est bon »
1983 : Toujours plus haut + les inédits : “Reine d’un jour / On est une bande de copains / Elle cache-cache son jeu / On chante en play-back / Les p’tits garçons et les p’tites filles / Le concours Lépine / Toujours plus haut »


Odeurs + Ramon Pipin, L’Intégrale saison 2 : 1984 / 4 CD + 1 DVD / 1992
1984 : Optimiste Enregistrement public + les inédits : « Toujours moins toujours / Optimiste / L’hallaliberté »
1985 : Nous sommes tous frères + les inédits : « Toute la misère du monde / J’ai une devise » / Ne pleure pas pour moi / La nouba des pingouins »
1990 : Bye bye Vinyl + les inédits : « Sur la banquette / Quand vient la nuit (bonus démo) / Bye bye vinyl (groove version) / Parfaite (bonus vidéo) »
1992 : Ready, Steady, Go ! + inédits : “C’est fait exprès / Tous mes regrets / Joe Feedback / La porte du jardin (bonus clip)”
DVD : Live at Sambreville 83

2 commentaires:

L'Homme Scalp a dit…

Incapable de trouver ça chez nous... J'en rêve. Une petite compil pour moi peut-être? J'aimerais faire connaître à mes lecteurs.

Ma compilation idéale en mp3?

Ode au printemps
Le jour où les oranges pelurent
La santé par les plantes
Couscous Boullettium
Douce crème
L’homme objet
Le stade nasal
Astrid
Chèque baby, chèque
La viande de porc
Youpi la France

scalp.plaxmol.com

la Singette a dit…

Bonjour à toi plein les tarins....

Odeurs les coffrets, il faut insister lourdement, ça doit se trouver et c'est un régal !
Tu peux aussi aller sur le site "Effluves et relents" dédié à ce cher Ramon Pipin.

Bon courage à toi et au plaisir de te lire.

La Singette