vendredi, janvier 23, 2009






















Collection Tête de lard, des livres d’art pour les ardons

Il existe une littérature de jeunesse qui est au cochon ce que l’amour est au troufion dans les fessées de Vincennes. Il y a cette liberté de ton, cette ébullition du graphisme qu’aucun pédagogue démagogue, (pléonasme !) ne pourra vous incuber l’esprit du fieffé poker menteur. Fi de la caustique censure, rangez les crucifix dans les armoires à pharmacie. Tous les thèmes ont droit de citer et on les aime ces bouquins qui tiennent éveillés les tout-petits au sourire grabuge. Constipé(e)s de la purge, passez votre lecture et vive l’aventure à vivre entre les pages.

J’ai testé pour vous avec mon tout-petit frangin Sinjon, cinq bouquins de cette fameuse collection Tête de lard. Il a croqué à belles dents, léché, humé le carton dur et s’est délecté de ces livres à sa portée et en est resté baba au chocolat Son esprit qui frise l’imaginaire en goguette en est ressorti fricassé des babines et il n’a plus jamais voulu lâcher ces morceaux de choix.
Quand j’ai ouvert pour la première fois Léon l’étron un livre très marron en cacamaïeu de Killoffer, je n’ai plus eu d’yeux que pour ce personnage sorti tout droit d’une chanson de mon cher Ramon Pipin. Si Léon s’était mis au parfum du Petit caca Noël*, je suis certaine que sa pestilence existence lui aurait ouvert de nouveaux horizons. Pleurez en chœur ce refrain d’amour sur la lunette de vos sornettes : Petites crottes sans espoir / Vous êtes mes seuls souvenirs / Qu’elle m’ait laissés avant de partir / Sans autre forme d’au revoir / Petit caca ne t’en va pas / Ne me quitte pas comme ça / Reste là pour me parler d’elle / Mon petit caca Noël*
Léon, c’est l’histoire d’un caca bien de sa personne, un beau mec marron qui cherche une présence pas trop susceptible du tarin d’aisance. Sauf que seul avec les mouches il a le ticket gagnant. C’est par trop frustrant. Je ne vous dis pas la chute de histoire en forme de pince-nez accablé. En tout cas, Sinjon a élu Léon son héros de l’année. Il a même demandé au Père Noël s’il existait un modèle en vrai avec tous les atouts du caca boudin, oui une peluche de son état, style doudou qui n’en chie pas un rouleau de pet crû. C’est vous dire son coup de foudre. C’est un livre qui regorge de trouvailles, avec son texte alerte au vocabulaire riche en consonances des résonances dessinées.

Plus grand plus petit de Kya, c’est un inventeur à face d’Albert Marcoeur qui se défrise les moustaches sous la buée de ses lunettes. Selon qu’il actionne l’un des trois boutons de sa machine, il obtient l’opération de grandir ou rapetisser les objets, voir même les êtres. Seulement, cela peut avoir quelques inconvénients. Sinjon s’est pris un moment au jeu du magicien. Il a même voulu que je devienne riquiqui pour m’écraser comme une banane pourrie. Il a fallu que je lui explique que ce n’était qu’une fiction suggérée. Il a la folie des grandeurs. Je crois qu’il tient de moi.

Pourquôôââ de Voutch. Parfois une grenouillette vous sort les yeux de l’assiette quand elle dresse le couvert des questions du pourquoi au moment de se coucher. Et quand elle a de la suite dans les idées, faut s’accrocher. Je plains vraiment la maman ou le papa. Avec Sinjon, je suis adepte de l’assommoir et ainsi fi du pourboire à la curiosité. Non, mais sans dec !

Zizi ou Zézette de Laetitia Zuccarelli. L’auteure a eu l’idée de génie de fabriquer des poupées en chiffon qui représentent sans fard dans la plus simple nudité tous les membres de la famille, depuis l’enfance jusqu’aux ravages de l’âge avancé. Elle les a toutes photographiées sur un fond de tissus coloré et a levé les mystères du tabou des corps au naturel. Sauf qu’en ce qui concerne Doudou… ! Sinjon, c’est rigolo n’a rien appris, lui qui vit toujours nu comme tous ses ancêtres qui l’ont précédé. Ah ces singes ! Ils ont toujours une longueur d’avance ! Qu’est-ce qu’ils ont tous ces humanos à vouloir les singer ?

Beau corbeau de Mireille Vauttier. Oh l’autre, comme si la couleur du corbeau, en l’occurrence le noir n’était pas une véritable couleur pour les autres oiseaux. Et quand tu ne picores pas dans le même arc-en-ciel, casse-toi de mon azur et va voir ailleurs si je suis une chiure. La nuit, c’est de quelle couleur déjà ? Heureusement qu’en Australie, il y a des oiseaux qui apprécient son ramage et c’en est fini de la prise d’otage pour ce bel oiseau qui sait casser des coquilles de noix avec son bec. Ca, c’est moi qui le dis, ce n’est pas dans le livre. N’empêche, j’aime Beaucoup ce Beau corbeau. Cette tâche ébène, Mireille a su lui donner du corps et de l’air. Depuis qu’il a zieuté ce livre, Sinjon a demandé à tous les corbeaux de la forêt du Médoc de l’emmener en Australie pour y voir lui aussi du pays. Je m’attends un de ces quatre à recevoir une carte postale du continent de l’autre côté de la planète avec les crottes de bique de mon frangibus, en guise de signature.

Comme quoi, c’est dingue comment tous ces bouquins modestes peuvent combler les tout-petits et même les grands qui sont demeurés haut comme trois pommes dans leur caboche de mioche. Même le format cartonné a été pensé, 24 pages, un carré de 12 cm sur 12 cm, aisé à tenir par des menottes libres de bambins. Le prix aussi est tout petit, autour de 6 euros.

J’en profite pour lancer un appel à une dessinatrice / un dessinateur et une éditrice ou un éditeur, j’aimerais tant que mon personnage de Missdinguette la Singette un peu frapadingue prenne forme entre les pages d’albums dans des histoires loufoques qui parleraient aux loupiots. J’ai plein d’idées qui me trottent casque avec des aminches tels que Gouingouin le pingouin, Sinjon mon frère ou Sosso la sorcière. Style petit ours brun, s’abstenir dans sa grotte. La statique du quotidien cul cul la praline, ce n’est pas ma tartine. De l’humour, de la fraîcheur, de la joie de vivre avant toute chose ! J’attends vos réponses.


Déjà une cinquantaine de livres au catalogue 2008 / 2009 de la collection Tête de lard. C’est édité par les éditions Thierry Magnier / 13, quai de Conti / 75006 Paris / tel / fax : 01 44 83 80 00 01 / www.editions-thierry-magnier.com

Léon l’étron un livre très marron en cacamaïeu de Killoffer
Plus grand plus petit de Kya
Pourquôôââ de Voutch
Zizi ou Zézette de Laetitia Zuccarelli
Beau corbeau de Mireille Vauttier


* Petit caca Noël (De Courson / Barrès) in l’album Ramon Pipin’s Odeurs : Toujours plus haut / Coffret l’Intégrale saison 1

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