jeudi, décembre 04, 2008

Gens du Médoc : Vincent un homme au naturel (1)


Vincent est un nature/réaliste, aussi à l’aise sur terre que sur l’eau et qui ne demande qu’à partager son amour de la nature, sans bêler pour autant avec le troupeau des poètes naïfs. C’est aussi pourquoi, j’ai décidé de lui accorder au minimum deux entretiens, histoire de vous faire partager la géographie tangible du Médoc qui de près ressemble de plus en plus à une île.

La Singette : D’abord, es-tu originaire du pays, et toc ? Et si non, pourquoi es-tu venu t’enterrer dans cette presqu’île ?

Vincent : Je suis originaire de Vendée : les Sables d'Olonne lieu de naissance et 21 ans en bord de mer ça laisse des traces ! Je suis arrivé dans le Médoc pour des raisons professionnelles. Premier poste à Macon (71) il n'y a pas un coin en France plus loin de la mer.... et là, j'ai demandé une mutation pendant 7 ans. Je postulais sur tous les postes côtiers de la Belgique à l'Italie. 18 ans dans le médoc et pas envie de changer… la forêt, de l'eau partout, des espaces sauvages : le bonheur pour celui qui aime la nature.

La Singette : Tout d’abord je lève mon chapeau à toutes les casquettes qui recouvrent tes diverses activités de prédilection dans le Médoc. Commençons par un sujet qui pique, attention je n’ai pas dit épique ! Dans un de mes derniers articles pour cette rubrique, j’ai frôlé les frelons asiatiques de loin. Tu les connais ces bestioles ? Comment réagissent tes ruches quand les frelons débarquent ? Et le miel, je croyais que ça poussait dans les arbres ! Question subsidiaire pour un champignon : c’est combien le loyer d’une abeille dans tes ruche ? C’est quoi ton slogan pour qu’elles bossent plus pour gagner moins ?

Vincent : Les frelons asiatiques commencent à arriver et leurs jeux, c'est de tuer les abeilles. C'est nouveau mais les dégâts sont pour l'instant ridicule comparé au "gaucho" (merci Monsanto) ou à la varoise (poux qui suce le sang des abeilles), c'est un problème de plus. Quand j'ai commencé l'apiculture il y a 25 ans, on ne parlait pas de tous cela. C'était un élevage sans aucun traitement. Le miel peut pousser dans les arbres mais avec les prédateurs que je viens de nommer, ça devient rare. La redevance que me paye l'abeille, c'est 25 gr de miel par an... le calcul est vite fait, une ruche produit en moyenne 10 kg de miel et il y a 40.000 pensionnaires. Contrairement à l'être humain, plus elles peuvent bosser et plus elles sont sympas.

La Singette : Mon petit doigt m’a dit que tu avais une grande connaissance du milieu forestier. Tu peux nous parler de la végétation sur terre à la pointe du Médoc ?

Vincent : La végétation forestière de la pointe du Médoc est bien particulière car le sol est particulier. L'estuaire de la Gironde se vidait autrefois par l'Amélie ce qui a provoqué des dépôts de coquillages. Ces coquillages ont rapporté du calcaire qui c'est mélangé au sable. Résultat, des plantes caractéristiques à ce milieu : les chênes verts qui poussent dans les sols légèrement calcaires et dans des lieux ensoleillés l'arbousier, idem le Daphné garou, une plante rare qui pousse en grand nombre à la pointe, le troène. Ces végétaux en mélange avec les plus courants, ronce, chênes " blancs ", lierre, acacia, vergne .... Et bien sûr le pin maritime sur lequel on peut faire tout un paragraphe.

La Singette : J’ai remarqué qu’il y a avait beaucoup de sable sur les plages et même des dunes. Comment en est-on arrivé là ?

Vincent : Pour le sable, l'origine c'est bien sûr les montagnes. Il a été transporté par les rivières jusqu'à la mer avant que l'on fasse des barrages, c’est l’une des conséquences de l'érosion marine, sujet à développer. Et les dunes : entièrement artificielles, créées de toute pièce par l'homme il y a 200 ans. Un certain Mr Brémontier a dit : Nous habitons des villages en bord de mer qui sont régulièrement envahis par le sable. Pour bloquer ce sable, on va créer une forêt de pin maritime et pour empêcher la mer d'envahir les terres, on va créer un gros bourrelet de sable en installant des palissades pour le bloquer lorsqu'il s'envole de la mer lors des tempêtes ». Beau travail n'est ce pas ?

La Singette : Je compatis. Seulement, parfois l’homme civilisé vient gripper le système. Même que, lors de mes pérégrinations avec le Bartos, vu d’en haut depuis le rabat de son sac à dos, j’ai déjà vu qu’il poussait parfois quelques objets hétéroclites sur le sable. Comment se fait-il ? Et les vroum vroum qui schlinguent plein pot, que le Bartos (lui-même motard uniquement sur la route) interpelle d’aller rouler en terrain aménagé à cet effet. Comment expliques-tu ces différents comportements agressifs pour le milieu naturel déjà très fragile ?

Vincent : On serait trop heureux si personne ne venait détruire ce que fait l'autre... Il y a les motos, les véhicules et depuis quelques années une nouvelle invention : le quad (strictement interdit dans les bois - article 331 - 3 du code forestier - 4° classe soit 135 € et encore plus sur la dune, là c'est le tribunal directement), mais il y a aussi la Singette et le Bartos qui marchent sur les petites plantes qui ont du mal à se relever

La Singette : Oh l’autre, moi je suis un poids plume dans le paysage, comparé au Bartos qui à lui tout seul pèse sa tonne. A propos de "dépôt naturel" léger, (pareillement au sein de la photo d'illustration), sur les plages du Médoc est-ce qu'on en trouve fréquemment de cette nature et à quelle occasion ?
Vincent : Ce genre de petite bête ne s'échoue pas souvent heureusement ! Cependant, la même année en l'espace de 3 semaines en hiver 2006, 2 de ces petites soeurs se sont échouées à Biarritz, Hourtin et celle là à st Nicolas. Elles avaient perdu la moitié de leur poids... Depuis plus rien et j'espère pour longtemps.

La Singette : Avec mon ami Gouingouin le pingouin, on aime jouer à guerre et pet après s’être ingurgité des kilos de fayots dans les blockhaus. Je ne te dis pas le fumet. Mais ces casbas à l’atmosphère lourdingue, elles ne tombent pas du ciel, je suppose. D’où viennent-elles ?

Vincent : Pas de problème pour les pets, comme vu au dessus, je suis vendéen, les plus gros consommateurs de fayots et qu'est ce que c'est bon ! Ces bunkers ont été construits par les maçons français sous l'envahisseur allemand. Ils avaient déjà inventé les appels d'offres pour faire travailler les entreprises locales et c'est du solide. J'ai proposé que chaque Allemand qui vient à Soulac reparte avec un morceau de béton.

La Singette : Ce serait un souvenir plombé. Quand à l’humour teuton, c’est une toute autre histoire (rires). Je te le dis tout net, j’aime pas l’eau. En revanche, toi tu adores naviguer et pêcher. Tu rames à contre courant ou quoi ? Le moteur à explosion, tu ne connais pas ! A moins que tu m’invites sur ton bateau à souffler dans tes voiles vent arrière, mais gare à l’empannage, je sais grimper dans le mat et cafter les pirates à l’horizon. D’où te viens cette passion de la mer et de ses dérivés ?

Vincent : C'est sûrement mes origines mais il y a aussi le côté sauvage et nature : jouer avec le vent, les sensations de glisse, le calme, la liberté. Je crois que le pire pour moi serait de rester à rien faire ! Quel dommage d'être tributaire d'un moteur quand on peut faire dans le silence en évitant toute pollution. Les jet skis sur l'eau c'est comme les quads dans les dunes... Demande à un enfant pourquoi il pèche, il te répondra "c'est pour manger " (comme la chasse d'ailleurs). Et non, c'est un autre loisir, tatiner le goujon (expression vendéenne) et lui faire respirer autre chose que de l'eau avant de le mettre dans la gamelle et de le dépiauter.

La Singette : De toute façon, moi, je ne sais pas nager. On n’a à peine surnagé quelques sujets liés intimement à ta riche personnalité. Une prochaine fois, on pourra creuser plus avant. Mieux encore, j’ose à peine espérer, si jamais des lectrices et des lecteurs du Mague y allaient de leurs commentaires, ça pourrait alimenter le débat miam miam. Et selon toi, pour achever cette présente interview, est-ce que tu voudrais évoquer un coup de gueule ou au contraire nous annoncer une bonne nouvelle, du style que la nature à la pointe du Médoc n’a pas trop de mouron à se faire avec l’homme son principal prédateur ?

Vincent : La nature à la pointe du Médoc n’a pas trop de mouron à se faire. Heureusement que c'est une forêt d'état comme presque toute la côte Aquitaine autrement cette côte ressemblerait sûrement à la côte d'azur avec des immeubles à perte de vue. L'érosion marine c'est naturel et l'erreur est d'avoir construit avec une vue sur la mer et bientôt les pieds dans l'eau, (comme ça, la deuxième rangée pourra profiter pendant quelques années du paysage …) ! Qui peut avoir l'idée de construire une zone Seveso 2 dans un site idem de toutes pollutions industrielles, il n'y a pas assez de coins pourris en France. Il y en a vraiment qui ont l'esprit tordu.

La Singette : je ne sais pas pour ce qui vous concerne, mais moi j’ai appris plein de choses et comme je suis très curieuse à propos de tout ce qui m’entoure, je le dis tout net, Vincent est une personne précieuse et en plus il a le sens de l’humour. C’est trop bath. Vivement sa prochaine interview, yaouuuuuuuuuuu !
Photo d’illustration par Vincent

1 commentaire:

ANDRAINO ADAMS a dit…

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