

Pouf pouf et plouf, je vous joins l'article que le Bartos va proposer à Jean-Luc Bouland de la Vie au Soleil..... !
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L’an passé, la conférence d’Arnaud Baubérot* avait abordé les trois principales rives de l’histoire du naturisme : hygiénisme, anarchisme et spiritualisme.
Cette année, Céline Beaudet nous a offert en partage son sujet d’études et le titre de son ouvrage : « Les milieux libres - Vivre en anarchiste à la Belle Epoque en France » avec en rab généreux le thème du naturisme.
Cette année, Céline Beaudet nous a offert en partage son sujet d’études et le titre de son ouvrage : « Les milieux libres - Vivre en anarchiste à la Belle Epoque en France » avec en rab généreux le thème du naturisme.
Deux poignées de personnes enthousiastes et curieuses ont assisté à la conférence.
Contrairement à nos cousins germains[1], les anarchistes prudes étaient trop avares en commentaires concernant la thématique du vivre nu en commun. Même si E. Armand s’y colle : « Le nudisme est pour nous, une revendication révolutionnaire. (…) Contre les institutions sociétaires et religieuses que l’usage ou l’usure du corps humain est subordonné à la volonté du législateur ou du prêtre, la revendication nudiste est l’une des manifestations la plus profonde et la plus consciente de la liberté individuelle ».[2]
Contrairement à nos cousins germains[1], les anarchistes prudes étaient trop avares en commentaires concernant la thématique du vivre nu en commun. Même si E. Armand s’y colle : « Le nudisme est pour nous, une revendication révolutionnaire. (…) Contre les institutions sociétaires et religieuses que l’usage ou l’usure du corps humain est subordonné à la volonté du législateur ou du prêtre, la revendication nudiste est l’une des manifestations la plus profonde et la plus consciente de la liberté individuelle ».[2]
Tout de go dans son exposé, Céline a su désamorcer la bombe des préjugés empruntés au langage journalistique qui a même cour dans le milieu naturiste, à savoir anarchie = bordel / désordre / utopie et les anarchistes = des fouteurs de merde ! Alors qu’en réalité, « Une communauté d’individus. Telle est la définition même de l’anarchisme, que le milieu libre reprend au sens propre : ni domination, ni hiérarchie, ni structure figée ».[3]
Histoire de fiche une bonne claque aux idée reçues et à l’hypothétique utopie anarchiste, autour de 1890 à 1950 une dizaine d’expériences et lieux de vie ont vu le jour en France et à l’étranger : Montreuil / Vaux / Aiglemont / Ciorfoli / La Rize / Saint-Germain en Laye / Bascon / La Pie / Paname avec ses célèbres Causeries populaires rue du Chevalier de La Barre à Montmartre. C’est aussi à ces époques que les anarchistes participèrent à la création des premières Universités Populaires et avec Fernand Peloutier aux Bourses du Travail dotées au moins d’une bibliothèque et en cela ils luttèrent de concert pour l’émancipation par la connaissance et appliquèrent en actes cette maxime de Nietzsche tombée en désuétude chez les naturistes actuels : Il m’est odieux de suivre autant que de guider » (« Le gai savoir »).
« Les Bandits tragiques » de la «Bande à Bonnot » et autres avaient affirmé leurs limites à liquider le Vieux Monde malade. La croissance de l’industrialisation à outrance et son cortège mortifère pointaient son nez jusque dans les foyers fétides des grandes villes. Sans plus attendre un grand soir hypothétique, une frange des anarchistes individualistes tenta de vivre en harmonie ici et maintenant, selon leur bon plaisir du « communisme expérimental ». Menuisiers, cordonniers, tailleurs, éleveurs, orateurs… s’étaient donnés le mot FRATERNITE. Vivre selon ses besoins, ne surtout ne pas perdre sa vie à la gagner et engraisser un porc de patron supposaient aussi un cocktail détonnant de végétalisme / végétarisme / naturisme / pacifisme / contrôle des naissances / lutte contre l’alcool / éducation libertaire / camaraderie amoureuse / propagande par le fait et par l’écrit / illégalisme aussi en œuvre lors des « récupérations », histoire de boucler les fins de mois pas toujours faciles.
Selon l’éthique anarchiste, « Le milieu libre doit être le lieu par excellence où l’individu commence déjà par se libérer de lui-même, puis seulement peut espérer entretenir des rapports plus sains avec ces semblables »[4], ce que Libertad explicite : « L’anarchiste en se reportant à l’étymologie est contre l’autorité. (…) Il ne fait pas de la liberté la causalité mais plutôt la finalité de l’évolution de son individu. (…) La liberté est une force qu’il faut savoir développer en son individu, nul ne peut l’accorder ».[5]
Céline a insisté sur le rôle des compagnes des orateurs scripteurs et militants anarchistes qui n’étaient pas les potiches de ces messieurs, mais des femmes libres et émancipées qui se joignaient pareillement aux luttes et savaient aussi écrire des textes mordants de véracité[6].
Les milieux libres n’étaient jamais coupés du contexte social. Des conférences, des Causeries touchant toutes les thématiques anarchistes étaient ouvertes dans et l’en dehors.
Les dimanches représentaient aussi l’occasion d’aller à la rencontre des compagnes et compagnons des milieux libres à la campagne, en train ou en vélo pour goûter à la vie en plein air. Depuis Paname, une petite ballade à Saint-Germain, avec au programme des réjouissances : « 11 h déjeuner sur l’herbe / 12 h départ en excursion en forêt / 16 h grande réunion publique de propagande / conférence de J. Goldsky « La Guerre Sociale » / audition du poète chansonnier anarchiste Charles d’Avray / 18 h dîner sur l’herbe / 19 -22 h concert en camaraderie »[7]
Les milieux libres n’étaient jamais coupés du contexte social. Des conférences, des Causeries touchant toutes les thématiques anarchistes étaient ouvertes dans et l’en dehors.
Les dimanches représentaient aussi l’occasion d’aller à la rencontre des compagnes et compagnons des milieux libres à la campagne, en train ou en vélo pour goûter à la vie en plein air. Depuis Paname, une petite ballade à Saint-Germain, avec au programme des réjouissances : « 11 h déjeuner sur l’herbe / 12 h départ en excursion en forêt / 16 h grande réunion publique de propagande / conférence de J. Goldsky « La Guerre Sociale » / audition du poète chansonnier anarchiste Charles d’Avray / 18 h dîner sur l’herbe / 19 -22 h concert en camaraderie »[7]
Vous en conviendrez, on se situait à dix mille années lumières fraternelles de la vie des clubs naturistes actuels, qui se comportent comme des tubes digestifs et mesurent leur éthique dans l’esprit de compétitions sportives jusqu’à oublier le versus ciboulot festif à gogo ! Tout est histoire de fric !
Aussitôt la discussion qui a suivi son exposé passionnant illustré par des documents visuels, Céline s’est posée la question de l’histoire du Ventous à laquelle Yves s’est réjoui de répondre. Pierrette la maman de Yves a embrayé sur le vivre nu en anarchiste lors de la révolution espagnole de 1936 suivi par Nathalie fille de Vladimir, que je surnomme avec justesse : l’encyclopédie vivante du Ventous. Toutes les deux se sont accordées sur le fait que les anarchistes espagnols ont ouvert des plages et des lieux libres pour pratiquer le naturisme durant cette période.
Enfin, après les dédicaces de son livre, Céline a mis à disposition des personnes intéressées quelques brochures traitant des sujets abordés. J’ai reconnu parmi elles celle intitulée « Anarchisme et Naturisme »[8] édité par Dominique, un compagnon naturiste libertaire des Ardennes dans laquelle Cathy Ytak (ex pigiste à la Vie au Soleil) joint ses propos à Dominique, E. Armand, Elysée Reclus…
Céline et son compagnon François, avant que la nuit tombe, plongèrent une tête dans la piscine dont les eaux turquoises reflétaient le mont Canigou.
Enfin, après les dédicaces de son livre, Céline a mis à disposition des personnes intéressées quelques brochures traitant des sujets abordés. J’ai reconnu parmi elles celle intitulée « Anarchisme et Naturisme »[8] édité par Dominique, un compagnon naturiste libertaire des Ardennes dans laquelle Cathy Ytak (ex pigiste à la Vie au Soleil) joint ses propos à Dominique, E. Armand, Elysée Reclus…
Céline et son compagnon François, avant que la nuit tombe, plongèrent une tête dans la piscine dont les eaux turquoises reflétaient le mont Canigou.
Je laisserai le dernier mot à Dominique dont les propos actuels rejoignent les aspirations et les combats des milieux libres : « Pourtant si les anarchistes voulaient bien à nouveau s’investir dans ce combat pour la liberté de l’individu, beaucoup resterait à faire et le naturisme pourrait retrouver son caractère subversif. (…) Se promener nu c’est retrouver le contact avec la nature, la liberté sans entrave».[9]
Ainsi s’achève le cycle des conférences histoire de l’art : « die Brücke (Dresde 1905 / Berlin 1913), un Pont entre révolte et naturisme » par mézigue et les histoires du naturisme avec Arnaud Baubérot et Céline Beaudet au Ventous avec mon partenariat fructueux.
Un grand merci à Céline, à laquelle je souhaite bien sincèrement bon courage pour j’espère la soutenance bientôt de sa thèse.
Fraternité naturiste à toutes et à tous.
Franck dit Bart
Contact : frandkditbart@wanadoo.fr / http://lasingette.blogspot.com/
Arnaud Baubérot, « Histoire du Naturisme : le mythe du retour à la nature », Presses Universitaires de Rennes (2004)
Contact : frandkditbart@wanadoo.fr / http://lasingette.blogspot.com/
Arnaud Baubérot, « Histoire du Naturisme : le mythe du retour à la nature », Presses Universitaires de Rennes (2004)
Céline Beaudet, « Les milieux libres - Vivre en anarchiste à la Belle Epoque en France », les éditions Libertaires (2006)
(Voir à ce sujet l’article d’août 2006 de Paco pour le Mague sur la toile)
(Voir à ce sujet l’article d’août 2006 de Paco pour le Mague sur la toile)
Franck dit Bart : roman « Carl et les vies parallèles » éditions Michel Champendal (2006)
(Voir à ce sujet l’excellent papier de Frédéric Vignale, rédacteur pas chef du Mague, en date de mars 2007)
(Voir à ce sujet l’excellent papier de Frédéric Vignale, rédacteur pas chef du Mague, en date de mars 2007)
[1] Marc Cluet dans sa thèse consacrée à la Libre Culture nous relate les différents mouvements qui se réclamaient des premiers nudistes allemands, sans oublier le mouvement expressionniste « die Brücke » (le Pont) : « Un point de vue authentiquement nudiste fut introduit dans la revue der Sturm par les artistes de die Brücke, dont on connaît le rôle pionnier sur les lacs de Moritzburg. Ainsi en août 1911, Kirchner y publia une gravure sur bois figurant une femme qui prend le soleil nue sur une chaise longue (1910) ». Marc Cluet : « La Libre Culture en Allemagne », page 513, note 461)
[2] E. Armand : L’Encyclopédie anarchiste (1934) in la brochure Anarchisme et Naturisme (page 6/ 7) de la Question Sociale n°13 (2001)
[3] Page 101 in Céline Beaudet, « Les milieux libres – Vivre en anarchiste à la Belle Epoque en France »
[4] Page 102 in Céline Beaudet, « Les milieux libres – Vivre en anarchiste à la Belle Epoque en France »
[5] Libertad, « La Liberté », l’anarchie, page 103 in Céline Beaudet, « Les milieux libres – Vivre en anarchiste à la Belle Epoque en France »
[6] Telles Emilie Lamotte auteure entre autre de « L’éducation rationnelle de l’enfance » / La limitation des Naissances. Moyens d’éviter les Grandes Familles » / « Lettre sur l’amour, la beauté, la vie, l’inconstance et quelques autres sujets » et Jeanne Morand l’insoumise et bien d’autres….
[7] « Programme de la fête du dimanche 16 juin », Le Libertaire du 9 juin 1907, page 185 in Céline Beaudet, « Les milieux libres – Vivre en anarchiste à la Belle Epoque en France »
[8] Publications périodiques de la « Question Sociale » numéro 13
[9] In la « Question Sociale » numéro 13, page 29
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