
Comptez avec moi les personnages au premier plan qui naviguent sur la passerelle du pont. Ils sont trois. Ils dirigent tous leurs pas vers les quatre bâtiments de la marine culturelle, près à appareiller entre les tours qui crachent leurs cheminées à la dérobée.
Même si on ne voit pas bien, on distingue deux femmes pour un homme. La proportion est mâle honnête si l’on se place du point de vue de la gent féminine qui préfère les couilles repues à la tarte aux poils feuillus. C’est cette hypothèse que nous retiendrons, puisque le côté animal nous colle à la peau, foi de Missdinguette, Singette de son état et princesse altière.
Qu’est-ce que le Franckos a bien voulu nous dire en nous distillant cette image ?
Rappelez-vous le contexte : un groupe de marines et marins sur le pont près à embarquer pour l’usine à gaz du rafiot aux quatre tours qui se chauffent les jeunes et vieux papiers et autres supports livresques.
Souvent dans cette situation, une partie seulement embarque, c’est à dire pas tous les éléments du groupe constitué. Il y en a toujours un et plusieurs qui accompagnent et d’autres qui restent à quai. Il est trop tôt pour savoir si mon hypothèse se vérifie. Ce que je sais à coup sûr, connaissant par trop le Franckos, ce qui a frappé sa rétine reptilienne, c’est la tignasse rougeoyante de la femelle du requin que vous apercevez en premier. C’est l’étincelle qui a fait déborder le vase du trop plein de son ciboulot, plus sans doute que le contexte de ce lieu de passage entre deux tronches de vie. Si, on a l’esprit aussi tordu que lui, c’est vrai que cette nana de dos qui ne casque pas des briques à briguer un premier mandat de miss de la Mer morte dénote tout de même, que l’on se demande quelle tronche par-devant elle titille et qu’est-ce qu’elle fiche aux côtés d’un type qui même à terre n’a déjà pas le pied marin. Alors de deux choses l’une, elle tient serré dans son sac le mystère de ses aventures. Elle est en mission. Elle se sert de ses accompagnateurs pour s’introduire dans la place forte. Couler le paquebot, tel est son objectif. Et, comme dans un sourire carnassier qui lui casse les pieds, elle se sacrifie pour la cause. Son flacon de plutonium trempé dans la gomme, elle va le juter entre les pages du livre de bord du capitaine Montalent. Le père Alexandre Dumas a déjà précipité les évènements avec la Reine Margot. Même topo, mes cachalots. L’homme qui l’accompagne c’est son mari à la ville ou si vous préférez c’est son macro qui nage en eau trouble. Il sacrifie sa morue gagneuse. Elle doit s’acquitter la bouche pleine de l’opération des vasques communicantes. C’est un tuyau que je vous donne : demain ou après demain vous lirez dans les journaux comment le bateau s’est planté, sombrant corps et battages par-dessus bord.
On ne connaîtra jamais l’identité de la femme poiscaille qui avait renié sa queue de poisson avec cette histoire qui s’achève les gambettes replètes et le caleçon du capitaine qui gisent vingt mille lieux sous la mer.
Ca me rappelle une chanson de Ricet Barrier : « La java des hommes-grenouilles » (paroles et musiques Ricet Barrier et Bernard Lelou) qui se bagarrent les honneurs d’une présence famine :
Trainant les pieds au fond de la mer,
Deux hommes-grenouilles se désespèrent.
Ça n’est pas drôle chez les poissons,
Pas une seule fille à l’horizon.
Coiffée d’un scaphandre coquin,
P’tit p’tit youh gloub gloub
Une femme-grenouille surgit soudain.
P’tit p’tit youh gloub gloub
Les deux drageurs, d’un seul élan,
Se précipitent en glougloutant.
Choeur des crevettes : "Prenons des chaises,
Pour être à l’aise.
Car le spectacle va commencer."
Choeur des crabes : "Chouette ! C’est un drame !
Deux hommes une femme.
Va y avoir du macchabée."
Viens dans ma grotte ma p’tite poupée,
Dit l’un des deux scaphandriers.
Sous ton tailleur en caoutchouc,
T’as des flotteurs qui me rendent fou.
Range ton tuyau s’écrie le second,
P’tit p’tit youh gloub gloub
En brandissant son petit harpon.
P’tit p’tit youh gloub gloub
Si tu embarques cette sirène
Je vais te couper ton oxygène.
Choeur des crevettes : "Pour une grenouille
Qelle ratatouille !
Lequel des deux vas se dégonfler ?"
Choeur des crabes : "Y’a du suspense,
Ouvrons nos pinces !
Préparons nous à boulotter."
Trois ombres se bagarrent dans le fond.
On dirait qu’ils dansent le boston.
La femme-grenouille perd son bénard.
Ça fait rougir un p’tit homard.
Mais une grosse pieuvre, du genre barbouze,
P’tit p’tit youh gloub gloub
Dit en la couvrant de ventouses :
P’tit p’tit youh gloub gloub
"Tout le monde au bloc, j’veux pas de femme nue !
Ça fait du tort à nos morues."
Choeur des crevettes : "Quelle trouble-fête !
Vlà qu’ça s’arrète.
Peut-être qu’après ça d’venait cochon."
Choeur des crabes : "Pas d’sang, pas d’crime !
C’est la famine !
Le spectacle finit en queue de poisson.
Rentrons dans l’sable,
C’est pas rigolo !
Beurk !!"
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