
L’autre jour le Bartos, il m’a scotché les esgourdes. A sa platine audio, il a donné bectance avec trois disques compacts qui donnaient le la à entendre des images déjà vues sur écran géant.
- Tu es prête la Singette. Ferme les petits pois et ouvre-toi aux images et aux scènes que te suggèrent ces différents enregistrements.
Vous me connaissez et vous commencez à connaître ses lubies à l’autre abruti. Je me suis dit, je fais comme ci, ainsi il me fichera une pet royale de prout prout. Je me suis étalée la choucroute de tout mon long, quelques centimètres à tout casser et j’ai entendu des voix et des musiques.
J’ai été transportée au village du tonton de ma Jacques Tatischeff préférée du « Jour de fête » avec les bestioles de la ferme jusqu’à pas folle la guêpe. Divers dialogues croustillants la connerie crasse d’un pseudo milieu bourgeois des apparences rances, avec« Mon oncle » tourné dans le vieux Saint-Maur, et, bien sûr à chaque fois le générique. A propos de cette ville mythique en boucle de rivière qui marne, il existe toujours un quartier qui se nomme la Pie. Et bien, figurez-vous : « Le 8 avril (1913) 20 colons sont installés dans une grande propriété de 6000 m2 située quai de la Pie à Saint-Maur, près de la passerelle de la Marne qui relie la commune de Saint-Maur à celle de Créteil. (…) L’endroit a été loué par la société dite des « Milieux libres de Paris et de la Banlieue » fondée par Butaud, Scott et Henriette Tilly », cité par Céline Baudet *. Un groupe d’anarchistes individualistes mit en pratique au quotidien et collectivement les fondements de leur idéal fraternel et généreux.
Je me suis envolée dans une ambiance d’aéroport style « Playtime ». J’y étais. C’était dingue, c’était comme si j’y étais. Putain, ce que c’était bien. Plus besoin des images. Surtout que le monsieur Tati il a toujours soigné la bande originale de ses voix et onomatopées syncopées mais aussi en avant la zizique. Excusez du peu, c’est Francis Lemarque en personne qui lui a concocté la musique de « Playtime » et il ne jouait plus en play back. Il avait recollé tous les morceaux et sa vaillante satire avait de qui tenir, grand Jacques. Dans son enfance à « La Java de la Varenne (Jean-Roger Caussimon), le Franckos il l’avait croisé ce cher Francis, quand il descendait de son pied de vestale en ascenseur ou par l’escalier. Tu parles Carl, le monsieur Lemarque sous son nom de naissance tenait boutique et ses bureaux au rez de chaussée où il habitait le Franckos. C’était au temps, avant qu’il ne vende ses droits d’auteur d’une chanson contre un paquet de lessive !C’est dingue quand même. Il a aussi eu le plaisir de croiser le fou chantant arrimé à ses mignons jeunots et le Pierrot Vassiliu bien allumé.
Pourquoi je vous raconte toutes ces conneries ? C’est encore le Franckos qui me ratiboise la cafetière. N’empêche et pour revenir au sujet de mon papier, je suis devenue droguée à ce jeu des sons suggestifs. Je mes suis tapée tintin, « Milou en mai » sur un swing endiablé de Stéphane Grappelli. Je me suis fait Louis Malle avec la môme Zazie. Je me suis payé un « Souffle au cœur », ma mère chimpanzé et sur le manche de la guitare à Django, l’énergumène franchouillard du « Lacombe Lucien » m’a envoyé claquer la tronche au passé pas très glorieux, au pays pas très en forme extra gonades, exit les civilités au poing le pays d’ici, la francisque levée et le pas de l’oie en harmonie avec les bémols de bons voisinages sous un Heil hospitalier !
Vivement que Boris débouchât sa trompinette…
Jean Renoir déboule sa rondeur bonhomie du bonhomme qui dégomme avec « Le crime de monsieur Lange », sans doute le film le plus accompli et au regard éclairé sur ce que pouvait être une magnifique utopie en mouvement sous la plume affûtée la langue du popu front dégarni de Monsieur JACQUES PREVERT et quelques membres du groupe Octobre ainsi que les petites mains amies de l’ami Jacques. Cette époque là c’était pas encore de le « Grande illusion » ni encore moins « Une partie de campagne », quand l’homme et la machine font corps. Dans mon imaginaire fertile j’aurai presque imaginé Jacques Lantier joué par Jean Gabin conduire le train du côté des guinguettes de la Varenne, Nogent, Champigny, avec à son bord un Dufour flanqué de son commis, sa belle-mère, sa femme et sa fille la belle Henriette sur fond de bord de Marne où il devait être agréable de canoter et se baigner.
Toutes ces couleurs imagées je les dois à la palette enrichie des sons puisque, dernière nouvelle : « Le cinéma ça s’écoute » (musiques et dialogues originaux / extraits), collection Travelling chez Naïve
* Céline Beaudet : « Les milieux libres. Vivre en anarchiste à la Belle Epoque en France » / juin 2006 / Les éditions libertaires
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