vendredi, juin 29, 2007

Enlivrez-vous sans tabou mes choux avec Héléna Marienské et son « Rhésus », mon bonobo préféré qui a la banane…


Quand la maison de retraite s’amuse et que les corps s’échinent à la petite mort et même que ça inquiète le bon voisinage et que les keufs, les garant de morale à cheval s’en prennent plein les râteliers.
Tu parles Charles, les viocs avaient la breloque et la tirelire de chez broc !

« Il était en effet petit pour un gorille, avec un grand torse que je devinais très poilu sous son pull en V. Sur le crâne, les cheveux drus raides et longs étaient séparés par une raie au milieu soigneusement tracée. Il était peu causant, mais son visage était empreint d’une douceur qui marquait… » (page 125)

Faut pas leur en vouloir aux vieux, ils ont les quinquets chassieux !
N’empêche que Héléna elle s’y connaît en grand singe.
Continuons dans la confusion des genres, ce qui ne me rend Rhésus que plus séduisant et mouillant.

« - Vous recrutez des yétis maintenant ? (…)
- Mais non, ce n’est pas un gorille, dois-je lui expliquer. C’est un bonobo. Dans cette race de singe, ce sont les femelles qui sont dominantes » (page 131)


Tu l’as dis ma chérie ! Mais c’est pas fini foufoune en fusion, quelques pages après…
« - Nous enfin docteur, nous ne pouvons admette ce babouin, qu’elle s’insurgeait. » (page 143)
« Les bonobos sont comme qui dirait les négros des singes : d’une part, ils sont noirs, de deux ils viennent d’Afrique, de trois, ils niquent continûment ». (page 151)
« Fallait voir comme il savait y faire. C’était le cœur sur la main. Les plus laids, les plus abîmés par la chiennerie de la vie, ils trouvaient grâce à ses yeux. C’était comme s’il n’avait pas peur de la mort. Quand il voyait quelqu’un de triste, vieux et condamné, il vous le réconfortait d’un geste. Lorsqu’on le touchait, on le sentait tout chaud. Les femelles en raffolaient, vu qu’il était toujours partant pour sauter dans leur bras. Sans se gêner, elles vous le câlinaient. Elles lui refilaient tous les changements d’amour dont plus personne ne voulait. Ca déversait, fallait voir. Rhésus était leur nourrisson à toutes. C’était comme on dit le bébé de la dernière chance, un bébé collectif ». (page 152).

Un singe entre clandestinement dans une maison de retraite, qui plus est un bonobo réchappé d’une labo massacreur et gonfleur.
Alors comme ça finalement quand Rhésus s’en mêle les mamelles à plat de couture, il y a une vie après la vieillesse, pardi.

Je n’ai jamais raffolé de la présence des vieux, à part dans la chanson de Costric et de cher Ramon Pipin : « L’amour sans les dents », le refrain y glisse une main :
« Allez mémé, viens donc au lit
On va s’accommoder les restes !
Allez mémé, viens donc au lit
Avant qu’ils deviennent indigestes ! »
Même qu’au concert intime à Paname, Ramon il a dit qu’à l’époque il y a vingt-cinq balais quand avec sa troupe des aminches ils chantaient et jouaient la chanson sur scène, ils se marraient. Maintenant, il accuse lui aussi, comme nous autres, le poids des années, mais on n’a rien à regretter. La déconne n’a pas encore sonné le purgatoire. Y’en quelques-unes et quelques-uns qui résistent à la constipation des attentions ravalées macédoine des légumes et façade du sérieux qui mange la soupe des vieux. Ramon résiste, je résiste aussi avec le Bartos en accroche cœur.

Imaginez que Rhésus entre, il a vu de la lumière. Il a l’œil pétillant et il en redemande aux vivants. La réalité a dépassé la fiction !

Et puis, ce livre du point de la narration donne la parole aux actrices et aux acteurs : « selon Raphaëlle / selon Céleste / Selon Ludovic / Selon Dhorlac / selon Wittold / selon moi ».
En plus cette chère Héléna a une plume acérée. Vous vous rappelez dans un récent papier sur ce blog la définition de la dérision, que j’avais empreintée à Raymond Espinose qui nous avait conté le père Prévert libertaire. Héléna c’est aussi cela, ses mots, ses points de vue, toujours à nous narguer et à nous surprendre. Y’a rien à enlever, tout est bon. Le pied et cet hommage à ces singes qui vivent l’amour libre sans encombre et qui s’emportent toujours plus mâle, surtout quand ce sont les femelles qui régissent et attisent les désirs.

Vous avez tout à apprendre de la gent simiesque, toujours en avance d’une sieste. Le travail salarial a tué le genre humain dans ce qu’il avait de civilisé et nous autres les bons sauvages, on a beau vous tendre la perche… Vous avez le derche larvé de vos préjugés, ce qui vous rend plus bête que nous ne sommes à vos yeux.

A la lecture, je m’enorgueullis, mes gueux, d’être fière de vivre sous la peau de Missdinguette la Singette et je tire mon chapeau de la référence à Hélèna Marienské. A côté la littérature du Bartos, c’est du pipi de chat écrasé.

« Rhésus » de Héléna Marienské chez Pol (317 pages) / août 2006

1 commentaire:

Tietie007 a dit…

Je ne connaissais pas cet auteur, que j'ai vu hier soir, lors de l'émission de Frédéric Taddei, Ce soir ou jamais et ...je crois ...que je suis tombé amoureux d'Héléna ! Quel sourire ...quel décolleté ...quelle élégance ! Je vais de ce pas acheter son livre !