lundi, décembre 08, 2008

Dick Annegarn : Soleil du soir, nouvel album blues folk guitare, fresque chaloupée


Le grand Dick Annegarn nous revient à l’aube d’un Soleil du soir avec onze titres à la clé des champs. Il surpasse une fois encore le spleen du compositeur auteur chanteur devant son œuvre sans cesse renouvelée. Tout est toujours à recommencer à zéro : « J’apprends encore aujourd’hui à faire des chansons et je n’ai toujours pas trouvé de solution idéale ». Encore heureux puisque Dick nous étonne à l’écoute de son nouvel album au phrasé décapant.



Depuis son album Plouc fameux fanfaron en fanfare millésimé 2005, installé dans cet agréable Sud-Ouest il n’est pas avare de mots. C’est lui le fraternel organisateur du Festival du verbe en Haute-Garonne qui brasse les enfants des écoles aux ancêtres toutes les générations confondues à l’aune des langues qui swinguent l’enchantement des voix.
Il n’a pas fini de s’enterrer quelque part. De son Bruxelles d’adoption, à Lille, Nogent sur Marne où il crécha péniche la Gueuse déglinguée, un bled du Maroc… nomade musical apatride il traîne sa carcasse dégingandée. Et ne me surinez pas ses origines hollandaises, la honte du territoire plat aussi plat qu’une assiette où il suffit de t’asseoir sur une chaise et tu aperçois l’autre bout de rien du tout du pays !
En 1978 à la Maison des Arts de Créteil, il nous invitait à ses adieux au show-business et à la société du spectacle. Il avait pondu une plaquette textuelle militante que le Bartos garde au chaud dans ses cartons. Son œil étincelle lorsqu’il se remémore l’un des deux concerts de Dick : De ce spectacle sur terre. Tu m’étonnes, il avait convié entre autre sur scène la famille des frères Marcoeur. A votre bon cœur Albert… Je ne veux pas de la vie d’une star au noir (Soleil du soir).
Même que le Bartos le considère un peu comme son frère aîné le Dick, c’est pour vous dire la complicité entre ces deux là. Pas le style de frère à la Maxime le Forestier de son album premier, morbide à souhait comme son auteur qui à court de chants et de sons s’inspire de Brassens ! Non, un frangin avec qui partager des souvenirs d’enfance pas triste. Je ne sais pas, mais moi je ressens dans son Soleil du soir, un certain folk blues, comme la recherche chez Dick d’une fratrie guitaresque qui aurait trouvé un manche arabesque à ses cordes en la personne de Freddy Koella. Presque koala, il se nomme le zigue, c’est dingue ! Excusez du peu, « un alsacien émigré en Californie qui a accompagné Bob Dylan et Willie Deville et ce fut une joie terrible de jouer avec lui. La magie de cet album vient de la rencontre entre deux guitaristes » s’enthousiasme Dick.
35 ans de carrière, ça laisse des traces ! Le Tribute album Le Grand dîner en 2006 avait convié à la table des bobos de sévices et service compris, les Bénabar, Souchon, Boogarts et tout le grand bazar, comme pour enterrer la vie de garçon de Dick. C’était pathétique ! Même de vie à trépas, François Béranger a eu droit à cet arrangement avec la mort. Bordel, Dick Annegarn est bien vivant ! Il nous le prouve comme Kent à chaque nouvel album où il se remet à en question, donc en danger, pour le plus grand plaisir de son public qui se se réjouit d’une nouvelle facette du personnage haut en couleur.



Monsieur Dick s’astique le phrasé dans Quelle poule pond tant, O joie de retrouver le pourfendeur de la langue franchouillarde, l’inventeur créatif. Un hollandais volant de ses propres ailes à jacter la langue de Rabelais, ça ne s’invente pas. Heureusement qu’il existe encore des personnes qui prennent des libertés avec le verbiage hors de ses cages dorées.
Brel, le Jacques est aussi à l’honneur en titre deux. « C’est le Brel gitan que j’aime, celui qui négociait ses concerts au jour le jour. Il partait comme ça avec son équipe sans savoir où il allait chanter le lendemain ». Il tutoie aussi la palette existentielle du Théo à son frère de mouise.
Stupeur et jouissance, Décadons qui clôt l’album, clin d’œil à la Transformation de ses premiers balbutiements, que c’en est trop bath ! Comme s’il voulait par cette faribole savante dessiner une boucle dans son œuvre conséquente et riche…à suivre sans impatience. Laissons l’auteur musicien en phase avec sa création. Pas de doute, c’est reparti pour un tour. Pas de date, c’est pour la vie, pour toujours… avec le Bluesabelle.




Bonne route Monsieur Dick à la revoyure de ton public en accord parfait avec tes musiques. Pas de doute, il vieillit bien l’adorable bougre ! Chiche : D’abord un verre ! Un bon crû cet album, je vous assure. A la musique de nos voix. Tout est si doux si désirable. Qu’s’en est une grande joie. (D’abord un verre)



Dick Annegarn : Soleil du soir, dans les bacs depuis le 3 novembre 2008, distribué par Tôt ou Tard
D’abord un verre / Jacques / Quelle poule pond tant ? / Dernier village / Soleil du soir / Bluesabelle / Sans famille / Blues de Londres / Théo / Soldat / Décadons
Paroles et musiques Dick Annegarn







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